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S'arrêter, pour faire le bilan

et prendre les meilleures décisions.

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Hiver 2016-2017

Notre monde court à une vitesse folle. Cette cadence effrénée piétine les petites choses fragiles du quotidien, comme profiter au maximum du moment présent, des petits plaisirs, prendre simplement le temps de réaliser que certaines choses doivent changer, qu’elles ne correspondent plus à nos besoins, nos attentes.
 
Peut-être aussi qu’avec le temps, le bagage et l’expérience, nous arrivons à stopper quelques minutes cette cadence, beaucoup trop folle pour nous , regarder enfin en arrière, contempler ce qui est superbe, pour mieux préparer ce qui sera encore meilleur...!
 
Pendant les 13 dernières années, j’ai offert mes services à la clientèle, en me déplaçant à leur domicile. De 2004 à ce jour, en passant par le réseau public et maintenant au privé. Cette particularité de mon travail, me donne un privilège de proximité exceptionnel. Voir et prendre soin d’une personne dans son milieu de vie est totalement différent qu’en clinique.
 
Mais elle renferme avec elle, son lot de complexités qui devient lourd à porter après plusieurs années. Le nombre de km quotidiens tourne entre 40 et 75 (en moyenne) . Ajoutons, le temps de soin (4) le temps nécessaire pour se déplacer entre chaque client, 10 à 20 minutes , sans pouvoir en profiter pour prendre un appel, en retourner un autre, faire les notes au dossier pour tout ce petit monde... Et au retour de la journée sur la route de 8h30 à 16H00, il y a la valise à rebâtir pour les soins du lendemain et les instruments à stériliser, et les notes au dossier impossibles à faire au volant... Ah oui j’oubliais, les appels laissés par la clientèle sur le répondeur, quelques fois retournés en sauvette sur le temps de dîner... J’y suis arrivé pendant toutes ces années et je n’y voyais pas vraiment d’autre alternative... Jusqu’en juillet 2016, où l’installation d’un petit coin en clinique a vu le jour à St-Nicolas.
 
Je découvre ensuite que j’ai le temps pour me demander comment ce fait-il qu’il me reste du temps!!! Tout est fait, notes, soins, appels...et en plus le temps de manger! Wow, quel exploit!
 
Quel plaisir devrais-je dire! Un réel retour à ce qui je crois fortement, représente une vie professionnelle plus saine, plus normale. Où, je peux prendre le temps, de tout...du soin et de ce qui le précède , puis ce qui vient une fois terminé, facturation, prochain rendez-vous... Cesser de courir sans cesse, pour me rendre au prochain rendez-vous, sur la route et tout ce qu’elle comporte, ressortir le contenu de ma valise, reporter le matériel dans la valise à la fin, vite, remettre le manteau, vite retourner à l’auto, la déneiger pour la cinquième fois de la journée, vite aller vers le prochain et revoilà le refrain, ressortir le contenu de la valise.....et encore 2 autres fois minimum par jour... Un sentiment de course sans fin, une vitesse devenue trop folle pour moi.
 
Et je ne parle pas des moments où je sonne à la porte et personne ne répond...! Une heure 30 de perdue, déplacement, essence, véhicule... Et il semble normal pour eux que je revienne une autre journée... tout étonné qu'il y ait des frais de déplacement à mon retour...!
 
Je ressens une réelle fatigue physique depuis un an et je ne trouve pas la raison... Une journée en clinique avec 4, 5 clients et je pourrais poursuivre encore...je me sens bien. Mais une journée sur la route, n’est pas comparable. Je devais en prendre conscience et revoir mes priorités.
 

Deuxième partie

 
Les deux derniers hivers m’ont aidé à réaliser que les soins au domicile de la clientèle étaient devenus particulièrement difficiles et méritaient une sérieuse remise en question. Il faut dire également, que de 2010 à juillet 2016, toute personne qui me contactait pour un soin, le recevait à son domicile, parce que je n’avais que ce service à offrir. Ce qui fut, d’une certaine façon un point difficile, parce que cette clientèle désirait garder ce luxe du domicile, sans toutefois en avoir besoin...Je leur ai laissé pendant 8 mois...
 
Puis j'ai finalement pris le temps pour faire un bilan. Un nombre important de ma clientèle a été invité et redirigé vers le service en clinique pendant plusieurs semaines. Certains acceptaient en disant qu’ils comprenaient très bien, d’autres étaient très réticents mais voulaient garder la même qualité de soin, on poursuivi en clinique et je leur dis un sincère merci. Un tout petit nombre m’avait fait le cadeau de se déplacer... D'autres ont fait le choix d’être référés à mes collègues qui je suis certaine, ont pris le relai sans problème.
 

CONCLUSION

La clientèle en mesure de se déplacer, a été progressivement référé en clinique. Pour la clientèle qui sans aucun doute avait besoin d’un soin à domicile, leur transfert vers d'autres collègues a été planifié tout en douceur, de janvier à octobre 2017, pour que je puisse les dorloter encore quelques fois et leur dire à quel point je leur suis reconnaissante de m’avoir permis cette belle complicité depuis de longues années.
 
Quelques-uns présentaient une santé extrêmement précaire et nous ont quitté depuis. Je suis demeurée très près, autant soit peu, afin d‘apaiser leur souffrance, leur malaise. Parce que je les aimais beaucoup, qu’ils ont fait parti de cette clientèle que j’appelle privilège, mes doyens et doyennes. Parce que je les ai accompagné jusqu’au bout, ils m‘ont été très fidèles, j'ai fait alors tout autant.
 
Je compte donc, à partir de l’automne prochain, offrir des soins en clinique seulement.
 
Je prendrai soin de ma santé, je prendrai le temps de savourer le service en clinique avec la clientèle sans cesse en croissance. Le temps de partager aussi de plus en plus mon quotidien avec mes deux collègues orthésistes, qui font un sérieux travail de maître, une belle complémentarité avec mes services, que de beaux projets à partager, j’en suis certaine.
 
Par ce travail de privilège, j’ai eu énormément de bienveillance envers les autres, probablement beaucoup trop par certaines occasions, mais c’était ma décision. Maintenant je dois reporter cette précieuse bienveillance envers moi-même.
 
Un travail colossale pour moi, mais certainement possible après 47 ans d’apprentissage personnel et 23 ans de pratique comme professionnelle.
 
Merci précieusement à ma collègue et amie Josée Fournier, qui m’a fait comprendre que je devais agir sans repousser cette étape encore et encore...
 
 Marise Pelletier                                                                                                                               Infirmière en Podologie
 En clinique à St-Nicolas
1855 Route des Rivières Local 145-B
Téléphone: 418-955-7123